C’est une avancée progressive vers l’éradication des stéréotypes identitaires entre les jeunes de la province de l’Ituri au Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC). En juillet dernier, ils étaient des centaines présents dans la ville de Bunia lors des élections du nouveau comité du Conseil provincial de la jeunesse. Sur la liste, dix postes étaient à pourvoir.
Sous les applaudissements de l’assemblée, Bungamuzi KUKWABO Déogratias a été élu président avec 18 voix sur 37. Premier parmi les quatre candidats en lice, il pense que la tâche est désormais facile avec un dialogue tenu du 20 au 22 juin 2023 pour mettre en face les jeunes issus de toutes les communautés de cette région. « Ce dialogue était une véritable opportunité de regrouper en même temps les auteurs et les victimes de l’insécurité. Dans la foulée, il était facile d’identifier des jeunes membres de certains groupes armés » a-t-il reconnu. Pour lui, l’impact de ces assises est déjà visible. « Les membres du comité que je dois diriger après notre installation d’ici quelques jours par le gouverneur de province est constitué des jeunes issus presque de toutes les communautés de l’Ituri », a-t-il fait savoir.
L’organisation de ces élections faisait partie des recommandations du dialogue des jeunes sous l’appui technique du consortium médiation composé des ONG Interpeace, Action pour la paix et la concorde et Pole Institute, de même que de l’Université de New York, avec le financement de l’Union européenne.
Cette activité regroupait uniquement des jeunes pour obtenir leur implication dans le processus de consolidation de la paix dans cette partie du pays. Et c'est fait ! Ils se sont engagés pour changer la donne en se mettant d’accord pour mettre fin à la crise de leadership au sein de leur conseil provincial.
« Il y a une ou deux semaines, j’ai effectué une mission à Kasenyi au bord du Lac Albert. J’ai été émerveillé de retrouver les jeunes venus des différentes entités utilisant un même moyen de transport pour prendre part à une activité organisée en leurs faveur. Il était presque impossible avant ces assises de voir par exemple un jeune des Bahema-Boga prendre à bord de sa moto un jeune des Walendu Bindi», se réjouit le nouveau président de la jeunesse.
A la clôture de ces assises de trois jours à Bunia, le directeur adjoint de cabinet du gouverneur en charge de l'économie et finances, Steve Sengida, au nom de celui-ci, était déjà clair. « Nous devons avoir honte du retard de notre province sur le plan développement. Le temps est venu de tourner le dos aux manipulateurs. Les récalcitrants ne devront que faire face à la justice ou à la neutralisation », a-t-il insisté.
Pour le président du conseil local de la jeunesse de Bedu Ezekere, dans le territoire de Djugu, c’est la première fois que des jeunes spécialement sont appelés dans ce genre d'activité. « Je pense que la paix doit continuer. Je remercie les organisateurs », a laissé entendre Lotsima Dhembu Kabose.
A la fin de cette réunion, les jeunes de toutes les structures issues de cinq territoires de la province de l’Ituri ont signé un acte d'engagement, après un plan d'actions concrètes dans le processus de paix. Pour marquer leur soutien aux processus de paix, ils ont même allumé, par l'entremise de leurs représentants, des « bougies » en guise de « lumière de paix ».
« La paix, c'est un combat de nous tous », a rappelé l'un des participants. Lors de travaux, les éléments de cohésion entre les jeunes des différentes communautés ont été évoqués. L’objectif était de dénicher les facteurs de division, de cohésion et des actions concrètes à mener par ces personnes, hommes et femmes mêlés. « Nous, en tant que jeunes, nous sommes auteurs et responsables de tout problème que traverse la province de l'Ituri. C'est la prise de conscience d'abord et revenir à la responsabilité pour nous désolidariser des antivaleurs », a indiqué le président du conseil territorial de la jeunesse de Mahagi, Unyuthfwa Nyangambe Jean Claude. Plus de 400 jeunes ont pris part à ces assises, organisées par l'ONG Interpeace en collaboration avec le gouvernement provincial, la coordination provinciale du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) et le groupe consultatif de médiation (GCM). A leurs côtés se trouvaient certains députés provinciaux, membres de confessions religieuses, autres ONG locales, nationales et internationales. Cette activité s’inscrit dans le cadre du projet « Soutien à la méditation et la résilience pour la paix en Ituri et au Grand Nord-Kivu ».